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C’est en présence de la plupart des membres de la zone de police Condroz-Famenne, du conseil et Collège de la zone, du gouverneur de la province de Namur, des responsables judiciaires de la province et de l’arrondissement de Namur, de la famille du Commissaire Divisionnaire de police, que s’est déroulé, vendredi en fin d’après-midi, dans les locaux de Ciney Expo, la cérémonie officielle de départ à la retraite de Patrick De Buck, chef de corps de la zone de police 5314 Condroz-Famenne.
C’est à l’aide de nombreuses photos que Baudoin Leclercq, chef de corps ff, a évoqué les grandes lignes de la carrière du Commissaire Divisionnaire Patrick De Buck.
Auparavant, il a évoqué la mémoire des 17 victimes françaises froidement assassinées récemment dont 4 policiers : je suis indigné, je suis policier ! Ces actes de barbarie me rappellent que notre métier n’est pas sans risque ! Notre zone de police n’a pas subi de diminution : 50 % en plus depuis son origine, mais sans augmentation de son effectif ! 7,5% en plus pour le budget 2015 mais nos infrastructures ne sont plus adaptées. Nous espérons que des décisions seront prises pour le bien être de notre personnel et l’accueil des victimes. Nous sommes les garants de la démocratie. Une augmentation des faits de violence envers les policiers est constatée. Nous devons garder notre sang-froid, guidés par les valeurs qui sont les nôtres ! Nous espérons que le futur chef de corps réponde à notre attente. Baudoin Leclercq a ensuite évoqué les 38 années au sein de la police du Commissaire Divisionnaire Patrick De Buck : « j’ai eu le privilège de la saluer en votre nom. Depuis 2000, j’ai la chance d’être un de ses collaborateurs. Vous avez toutes les qualités d’un chef de corps :
- entré à l’école des cadets en 1973
- école royale militaire en 1977
- licence en criminologie à l’université de Liège
- lieutenant de gendarmerie au 3e groupe mobile de Charleroi en 82
- dirige le POSA de 85 à 88
- commandant de district à Ciney en 88
- adjoint au mégadistrcit de Dinant en 96, capitaine commandant
- responsable en 2000 de la zone de police Condroz-Famenne
- chef de corps de la zone de police le 5 janvier 2001
- commissaire divisionnaire en 2004
… la zone de police a été efficacement dirigée en bon père de famille, félicitation pour votre investissement hors pair. Vous avez toujours tenu copte de notre avis avant de prendre une décision. J’ai apprécié votre savoir-faire, votre savoir-être et votre savoir transmettre. Une page se tourne, mais vous avez communiqué votre virus à vos filles Aurélie et Pauline.
Il s’en suit une salves d’applaudissement !
Voici l’intervention de Luc Jadot, bourgmestre de Hamois, président de la zone de Police Condroz-Famenne : «votre formation d’officier de la gendarmerie à l’école royale militaire et votre expérience en tant que chef de corps vous ont permis de réussir avec brio l’assestment, qui a fait de vous en 2001, le premier Commissaire Divisionnaires de la zone de la police Condroz-Famenne. Ce fut le début d’une nouvelle ère, ce fut un challenge que vous avez relevé avec succès en collaborant avec les 8 bourgmestres qui se sont succédés au sein du Collège de police depuis la fusion. Vous n’êtes pas sans savoir combien l’histoire de cette fusion entre la gendarmerie et la police a été constellée de difficultés. Votre méthode de travail et votre calme ont permis de venir à bout des situations la plus complexes. Le Collège de police s’appuyait sur vous et chaque bourgmestre savait qu’il pouvait en toute circonstances compter sur vous. Votre sens des responsabilités était si aigu que nous seulement on pouvait être assuré que tout ce qui vous avait été confié serait terminé dans les délais, mais que vous en auriez, dans le même temps, examiné les conséquences. Avec vos hommes, vous avez fait preuve de pédagogie en expliquant des concepts parfois difficiles. Vous avez fait preuve d’une bonne humeur toujours égale malgré les gros problèmes de santé que vous avez eu à surmonter. Lorsqu’on assume des responsabilités, c’est encore plus difficile, j’en sais quelque chose. Ce sont vos qualités d’homme qui vous ont aidés à faire face tout en assurant la continuité du service. Vos hommes peuvent être fiers d’avoir pu servir sous vos ordres. Nous avons eu un réel plaisir de travailler avec vous au sein du Collège et du Conseil de police. C’est pourquoi, nous souhaitons que votre départ ne corresponde pas à une cassure, mais que nous puissions, au contraire, continuer à pouvoir compter sur vos conseils. J’adresse aussi nos remerciements à votre épouse et votre famille qui vous ont accompagné tout au long de ces années faites de joies et de soucis. Au nom des membres du Collège et du Conseil de police, je souhaite vous exprimer tous nos remerciements pour cette longue et franche collaboration. Je vous souhaite une retraite longue et bien remplie en vous disant, merci et à bientôt. »
Voici l’entièreté de l’intervention Commissaire Divisionnaire Patrick De Buck : «au cours de ma carrière, il m’a été donné à moult reprises d’honorer un collaborateur ou une collaboratrice admis à la retraite. Mais, aujourd’hui, me trouvant de l’autre côté de la barrière, c’est la gorge nouée par l’émotion et enrhumé que je m’adresse à vous. D’abord pour vous remercier de votre présence nombreuse qui atteste indéniablement de la nature des liens privilégiés et indéfectibles que nous avons tissés et entretenus au fil des années écoulées. Votre attachement me va droit au cœur et je caresse l’espoir que nos chemins puissent encore se croiser à l’avenir, si toutefois l’emploi du temps lié à mon nouveau statut fraîchement endossé m’y autorise car la plupart des retraités rencontrés me confient qu’ils sont fortement occupés.
En jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, je réalise non seulement que ma carrière a été bien remplie mais également que j’ai eu le privilège de n’exercer quasi exclusivement que des commandements. En effet, comme l’a évoqué le commissaire Leclercq, c’est très tôt, à l’âge de l’insouciance de l’adolescence, soit à 15 ans, que m’est venue la vocation de servir mes concitoyens et mon pays. A l’issue d’une formation que me conduit successivement à l’école royale des cadets, l’école royale militaire, l’université de Liège et l’école royale de gendarmerie, je savoure enfin avec fierté ma première affectation le 4 janvier 1982 comme commandant de peloton des patrouilles anti-banditisme et terrorisme au sein de l’escadron de reconnaissance du 3e groupe mobile à Charleroi. Fin 85, j’y suis chargé de créer le peloton POSA, unité spéciale affectée à des missions de protection, d’observation, de soutien technique et d’arrestation. A peine installés, nous sommes engagés dans deux des plus gros dossiers qui ont défrayé la chronique judiciaire de notre pays, les tueries du Brabant wallon avec son volet de la filière borraine et les attentats des CCC. Il s’agit là, sans conteste, de la période la plus grisante de ma carrière mais aussi la plus lourde sur le plan familial car je brillais régulièrement par mon absence. Fort heureusement, j’ai pu compter sur le soutien inconditionnel de mon épouse et de mes enfants durant toute ma carrière et je leur en suis infiniment reconnaissant.
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Un accident de sef défense à l’entraînement me contraint ensuite à modifier mon plan de carrière et m’amène dès le 18 avril 1988 à découvrir cette magnifique région du Condroz et de la Famenne où je prends le commandement du district de gendarmerie de Ciney. Quelques années plus tard, le général Derrider, commandant de la gendarmerie, fait appel à un consultant externe en vue de développer un vaste projet de qualité au sein de la police de base. Figurant parmi les districts pilotes, nous constituons une équipe de projet qui élabore des recommandations visant à assurer un suivi aux victimes d’une infraction. Le 1er janvier 1996, les districts de Ciney, Dinant et Philippeville fusionnent pour former le mégadistrict de Dinant. D’emblée, j’accepte d’intégrer le staff du nouveau patron, le colonel Guy Jomaux, que me charge d’implémenter un concept novateur au sein des 22 brigades de la nouvelle entité. Progressivement, cette démarche se généralise au sein de la gendarmerie et préfigure la philosophie de la police de proximité. Aujourd’hui, l’assistance policière aux victimes constitue l’une des 7 fonctionnalités de base imposées aux zones de police afin de garantir à la population un service minimum équivalent sur l’ensemble du Royaume. Une des pionniers et compagnon de route de cette formidable aventure, l’inspecteur Marc Gilissen est toujours actif actuellement au sein de la zone de police Condroz-Famenne. Bravo à lui et à cette remarquable équipe.
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Nonobstant une ambiance de travail conviviale et un management valorisant l’initiative propice à l’épanouissement individuel, je garde un souvenir plus mitigé de mon passage à Dinant, et ce essentiellement en raison de deux événements tragiques qui m’ont particulièrement marqués. D’abord, le 1er septembre 1997, comme chaque matin, la fille unique du AMDC chef Guy Duverger est en route pour aller saluer ses parents à la brigade de Ciergnon avant de se rendre à son travail. Dans la traversée du bois de Villers-sur-Lesse, deux jeunes toxicomanes, évadés d’un centre louvaniste, l’attirent dans un guet-apens, la massacrant pour faciliter le vol de son véhicule. Quelques jours plus tard, le 12 septembre, lors d’un Fort Chabrol à hogne, le 1MDL Henri Michat est froidement abattu à sa sortie du combi par un forcené muni d’une arme de guerre. Son équipier, le 1MDL Tony Gouverneur, en sortira miraculeusement indemne, mais restera marqué psychologiquement à vie. Le souvenir effroyable de l’annonce de ces nouvelles atroces que j’ai accomplie en tant qu’ancien commandant de district de Ciney aux familles éplorées, reste gravé à tout jamais en ma mémoire.
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Début de l’année 2000, la zone interpolice Ciney-Hamois-Havelange-Somme-Leuze fait partie des zones de police pilotes choisies pour concrétiser la réforme des polices. D’emblée, les 4 commandants de brigade et les 4 chefs de corps de police effectuent une démarche inattendue et touchante en me proposant avec l’assentiment de la concertation pentagonale de relever avec eux cet énorme défi en qualité de responsable opérationnel. Plus tard, ils m’invitent à postuler l’emploi de chef de corps. Lors du premier conseil de police qui suit ma désignation comme chef de corps, à l’époque, Willy Borsus me congratule en ces termes : «je vous félicite Monsieur le Chef de Corps, je vous remets la baguette et vous confie l’orchestre, mais n’oubliez pas, c’est nous qui composons la musique et payons l’orchestre, il ne vous reste plus à présent qu’à vous souhaiter bon travail. » Bref, Monsieur le Ministre, un discours clair et précis comme clarinette. Ou encore comme on dit en langage militaire : « gauche, droite, en avant ! » ce qui n’est pas nécessairement vrai en politique ! Nanti d’une éducation militaire et d’une discipline intellectuelle indissociable, je me suis immédiatement attelé avec mes collaborateurs à cet énorme challenge. Je dois cependant vous confesser que j’ai apporté ma touche personnelle dans l’interprétation de votre partition sans toutefois en dénaturer l’esprit tout en pouvant compter sur un grand orchestre. J’en profite d’ailleurs pour remercier le Collège et le Conseil pour la confiance accordée et le dialogue constructif, positif et permanent que nous avons entretenu en dépit de difficultés majeures, notamment financières. Ma gratitude profonde s’adresse également à Monsieur le Gouverneur et ses services dont je souligne le vif intérêt qu’il porte à la sécurité et en particulier aux zones de police. Celle-ci est également destinée à Madame la Procureur de division et le Parquet, notre partenaire privilégié dans la chaîne judiciaire. Sont également associés dans ces remerciements, le Directeur Coordinateur, l’ancien et le nouveau, le Directeur Judiciaire et leurs services, le CIC Namur, la police de la route et la police des chemins de fer pour leur collaboration fructueuse. Et enfin, les zones de police de la province et voisines avec qui nous avons de nombreux protocoles de coopération.
A présent, je me tourne vers mes chers collaborateurs et collaboratrices pour vous dire combien je suis fier d’avoir réussi avec vous et surtout grâce à vous à relever cet immense défi que constitue la création de la zone de police Condroz-Famenne. Ce succès n’a pas été acquis sans mal, le mérite en revient à une large majorité d’entre vous qui a adhéré aux changements avec enthousiasme et détermination. Animés du souci permanent de placer le collaborateur policier dans des conditions de travail optimales, les membres des services d’appui de la direction générale zonale y ont également largement contribué.
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Avant de conclure mes propos, je souhaite rendre hommage aux officiers er en particulier au commissaire Baudouin qui a non seulement assuré remarquablement mon intérim durant mon absence ces derniers mois pour raison de santé, mais s’est aussi révélé depuis le début, être un collaborateur précieux dont tout chef souhaite d’entourer. Merci Baudouin. Tes grandes compétences, ton comportement exemplaire, ta loyauté et ta disponibilité sans faille font que je te tiens en très haute estime. Un petit conseil si tu me le permets : ménagé-toi ! Je voudrais y associer dans ce vibrant hommage, Dominique Leruth, ma secrétaire, secrétaire de la zone, du Collège et du conseil, constamment au four et au moulin, elle n’a de cesse de se remettre en question, de vouloir s’améliorer et de contrôler au bon fonctionnement de la zone. Vous l’avez donc compris, tous les arguments non exhaustifs que je viens d’énumérer m’incitaient évidemment à faire encore un bout de chemin avec vous, mais mon corps et mes proches m’ont amené à en décider autrement et à opter pour la voie de la sagesse. Merci à vous tous, vous me manquez déjà ! Vive la zone de police Condroz-Famenne. »